L’école en Irlande 4 – Quelques idées au cœur du système scolaire

Je pense que cet article sera le dernier ou avant-dernier de la série (sauf rebondissements^^). J’avais un peu de mal à trouver l’inspiration pour celui-ci, c’est un sujet intéressant mais complexe et je vais essayer de ne pas trop me répéter ou m’emmêler les pinceaux ! Je vais donc me concentrer sur ce qui m’a frappée, et puis si je trouve plus de choses je referai un article.

Disponibilité et polyvalence du prof

Je vous avais déjà dit que mes collègues enseignent minimum deux matières chacun. Et aussi qu’ils font office de surveillants (voir cet ancien article). Je ne sais pas si c’est le cas dans toutes les écoles, je me dis que comme la plupart des écoles en Irlande font la taille de la mienne… ça doit être similaire.

Il y a donc des sortes de tours de gardes pour le matin avant les cours, pendant la récré et aussi pendant la pause (par tranches de 15 minutes). Les profs se relaient dans divers secteurs de l’école ainsi que dehors. Et lorsque que quelqu’un est absent, le principal adjoint regarde quels profs sont là à quelle heure pour trouver des remplaçants parmi les collègues. Il n’y a pas d’étude comme en France, ce sont les collègues qui assurent les cours à tour de rôle. Le prof absent doit laisser du travail pour ses classes. Si le remplaçant connaît les élèves et la matière, tant mieux. Sinon, tant pis, les élèves auront un prof mais l'heure sera perdue en réalité… En général il s’agit de travail écrit que les élèves peuvent faire seuls. Quand il s’agit de cours de français je donne un coup de main si je suis disponible, mon emploi du temps n’étant pas complet (je suis vraiment une privilégiée !!).

L’importance de la communauté

Même si tous les élèves (et les profs) ne viennent pas de Bundoran mais de 3 comtés différents voire plus, on a l’impression que tout le monde se connaît un peu. Les profs connaissent les parents d’élèves et le lien avec eux est plus fort qu’en France (il y a des réunions parent-profs 3 fois par an il me semble et non pas juste une fois en début d’année). Il y a des journées portes ouvertes (c’était jeudi) où les élèves de primaire et leurs parents sont invités. L’importance du lien avec les parents est mentionnée dans la devise de mon école. J’ai une question : si les parents s’en fichent, on fait quoi ?

La notion de communauté c’est aussi aider les associations locales. Certains profs proposent des concours ou autres pour récolter des fonds. Il y a aussi les TYs qui font pas mal de choses, ça fait partie de leur programme. Je vous ai parlé de la journée à fabriquer des croix mais ça peut aussi être participer à une pièce du théatre du coin, nettoyer la plage ou aider les personnes âgées et handicapées. Pendant l’année ils ont plusieurs semaines où ils doivent faire 3 activités hebdomadairement dont une pour aider la communauté. Cela s’appelle les « Gaisce » (prononcé « gachka »), je sais pas ce que ça veut dire ^^ et pour avoir fini leur Gaisce ils doivent faire ces activités, pour eux ou les autres (musique, sport, art, cuisine, travail avec des associations…).

Bien sûr il y a aussi eu le spectacle destiné aux familles, le festival à Ballyshannon où les TYs ont défilé en octobre. Il y a aussi les évènements internes à l’école, par exemple telle semaine va être dédiée aux sciences (souvent il n’y a pas de grande différence avec les cours normaux !). Ou bien l’école participe à plein de concours nationaux, l’autre fois un groupe d’élèves est parti présenter des projets scientifiques à Dublin.

L’égalité entre les élèves, plus ou moins…

Je pense vous avoir déjà dit que les élèves handicapés sont scolarisés avec les autres. Ils ont des assistants (en France on les appelle « auxiliaires de vie scolaire ») pour les aider. Il y a trois assistants dans l’école. Il y a un élève handicapé moteur dans l’école. L’école est entièrement accessible (ascenseur…) mais il a quand même quelqu’un pour l’aider dans les couloirs bondés. Au premier abord, ça semble très bien ! Sauf que… C’est pas si simple.

Là où l’égalité pêche, c’est quand les élèves dyslexiques ou avec d’autres troubles du langage sont complètement livrés à eux-mêmes. Le système scolaire a de grands idéaux (comme partout, soyons justes) mais ça ne suit pas au niveau du système de santé et du suivi. J’ai je ne sais combien d’élèves qui ne peuvent pas copier correctement, ils font plusieurs fautes par mot, et comme ils n’ont pas d’assistants dans ces cas-là, on ne peut pas tout corriger. J’ai une 5^ème année qui est loin d’être bête, mais qui ne comprend parfois rien à l’écrit car elle est dyslexique. Pas étonnant qu’elle sèche beaucoup les cours, c’est du charabia pour elle. Alors pour les examens elle ne doit pas être notée sur l’orthographe, la ponctuation ou la grammaire. En gros elle peut pas être notée sur les langues ! Elle a de bonnes notes du coup car ses idées sont originales. Mais elle ne saura jamais écrire correctement car ici y’a pas tout le système d’orthophonistes et de suivi comme en France. L’indulgence pour la notation lui évite l’échec scolaire mais c’est pour mieux échouer dans sa vie professionnelle car en gros, elle ne pourra jamais avoir un bon travail, vu qu’elle ne peut pas écrire une ligne correctement. En France tous ces troubles du langage peuvent être guéris et le système de santé aide les familles. Ici avec une sécu très privatisée, il n’y a pas une telle chance pour tous ces élèves. Egalité… Une belle hypocrisie, comme souvent !